4 janvier 2012
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21:19
Illustration de Peter
Lindbergh
J’allais gaie dans la nuit
Où tous les chats sont gris,
Avec ma nouvelle amie
Qui s’appelait Annie.
On a pris le bus de nuit
Pour éviter les ennuis.
J’allais gaie dans la nuit
Où tous les chats sont gris,
Avec ma nouvelle amie
Qui s’appelait Annie.
On a pris le bus de nuit
Pour éviter les ennuis.
C’est la mise en situation, je ne suis pas une grande poétesse comme vous pouvez le voir.
Ce soir là, dans ce bus de nuit, nous étions jeunes, ivres et joyeuses mais avec le genre de joie
qui nous donne envie de pleurer à la fin de la soirée. Nous ne croyions plus en rien alors que nous découvrions à peine la vie et nous satisfaisions de façon éphémère de ces soirées d’ivresses et
sans avenir.
Ce soir là, dans ce bus de nuit, mon regard vient à croiser le regard d’une autre.
Ce soir là, dans ce bus de nuit, debout à deux mètres de moi, se tenant à la barre pour ne pas tomber, une femme, d’une cinquantaine d’année à peine et pourtant bien marquée par la vie, me regarda dans les yeux.
Ce soir là, dans ce bus de nuit, son regard toucha mon âme au plus profond. Sensation étrange et bouleversante. Sans méchanceté, sans jugement, son regard me perça le cœur comme un coup de poignard car cet instant fugace me fit me percevoir telle que je serai quelques années plus tard.
Ce soir là, dans ce bus de nuit, nous arrivions au terminus.
Ce soir là, dans ce bus de nuit, mon regard vient à croiser le regard d’une autre.
Ce soir là, dans ce bus de nuit, debout à deux mètres de moi, se tenant à la barre pour ne pas tomber, une femme, d’une cinquantaine d’année à peine et pourtant bien marquée par la vie, me regarda dans les yeux.
Ce soir là, dans ce bus de nuit, son regard toucha mon âme au plus profond. Sensation étrange et bouleversante. Sans méchanceté, sans jugement, son regard me perça le cœur comme un coup de poignard car cet instant fugace me fit me percevoir telle que je serai quelques années plus tard.
Ce soir là, dans ce bus de nuit, nous arrivions au terminus.
Je pourrais m'arrêter là mais je vais vous raconte la suite.
Nous descendîmes de ce bus de nuit, moi, blafarde, et Annie,
silencieuse.
« Que t’arrive-t-il ? Tu verrais ta tête ! On dirait que tu as vu un fantôme. »
« Non, pas de fantôme… enfin, je ne sais pas.
C’est assez étrange et c’est la première fois que je ressens ça...
(un moment de silence)
Je crois que je viens de me voir, debout, dans le bus de nuit et plus âgée.
Je crois que c’était moi... que je viens de croiser... accrochée à la barre... »
« Arrête tes conneries, tu ne me fais pas rire.
Tu parles de la clocharde que l’on vient de croiser ?
Tu me fais plutôt peur à parler comme ça ! »
« Moi aussi, je me fais peur et je suis incapable d’expliquer ce qui vient de se passer.
Mais c’est vraiment bizarre ce que je viens de voir... »
« Que t’arrive-t-il ? Tu verrais ta tête ! On dirait que tu as vu un fantôme. »
« Non, pas de fantôme… enfin, je ne sais pas.
C’est assez étrange et c’est la première fois que je ressens ça...
(un moment de silence)
Je crois que je viens de me voir, debout, dans le bus de nuit et plus âgée.
Je crois que c’était moi... que je viens de croiser... accrochée à la barre... »
« Arrête tes conneries, tu ne me fais pas rire.
Tu parles de la clocharde que l’on vient de croiser ?
Tu me fais plutôt peur à parler comme ça ! »
« Moi aussi, je me fais peur et je suis incapable d’expliquer ce qui vient de se passer.
Mais c’est vraiment bizarre ce que je viens de voir... »
Je tenais à vous faire partager un instant de vie, ceux qui restent en mémoire alors que des évènements
souvent un peu plus important, eux, ont disparus de celle-ci ou ne sont pas aussi nets dans notre mémoire.