7 janvier 2012
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Madame D. Jeanne
Sur le pont Neuf
31000 TOULOUSE
Lundi 20 décembre 1989
Ma petite maman,
Cela fait maintenant 10 ans que tu nous as quitté et chaque année, à l’approche des fêtes de fin
d’année, je t’écris une lettre.
Celle-ci sera toutefois différente des autres.
Avant, j’écrivais dans le vide mais depuis que j’ai revu Mr B., notre ancien voisin lorsque nous vivions
en Normandie, je ne peux m’empêcher d’espérer que cette lettre arrivera enfin à une destination.
Quand il m’a dit qu’il t’avait vu l’année dernière sur Toulouse, lors de son déplacement pour affaire,
mon cœur a bondi dans ma poitrine, ma tête ne voulait pas le croire.
Etais-tu donc toujours vivante ? Est-ce bien de toi dont il parle ?
Malgré les doutes, ce fût plus fort que moi, je me suis mise à y croire. Je dois avoir tord de vouloir
si fort te retrouver mais je n’y peux rien. Tu me manques trop. Ne pas faire la démarche de t’écrire serait un regret que je ne me sens pas capable d’assumer pour le temps qui me reste à
vivre.
Depuis ton départ, je t’ai cherché sans cesse. Dans les villes, les trains, sous les ponts. Mais le
temps, peu à peu, efface ton visage de ma mémoire.
En est-il de même pour toi ? As-tu fini par nous oublier ?
J’ai tellement de choses à te dire que tout se bouscule dans ma tête, je ne trouve plus mes
mots…
Je te laisse mon adresse et mon téléphone…
J’aimerais tant entendre ta voix…
Réponds-moi s’il te plait…
Ta fille qui t’aime et pense à toi tous les jours.
Madame D. Jeanne
Sur le pont Neuf, dans la tente grise
31000 TOULOUSE
Mardi 20 janvier 1990
Ma chère maman,
N’ayant pas eu de réponse à ma première lettre, je voulais te dire…
Je te souhaite avant tout une bonne année, qu’elle soit meilleure que celles que tu as pu passer sans
nous. Je me suis demandée si tu avais les moyens de me répondre et peut-être que c’est la raison de ce silence…
Je te joins une carte téléphonique et du papier ainsi qu’une enveloppe timbrée.
Réponds-moi ou appelle-moi…
Ta fille qui t’aime toujours autant et qui t’attend.
Madame D. Jeanne
Sur le pont Neuf, dans la tente grise, sous la pluie et dans le froid
31000 TOULOUSE
Mercredi 21 février 1990
Maman,
Je prends le train pour Toulouse.
Je serais à la gare Matabiau à 14h17 le 24 février.
Je t’aime.
A tout à l’heure
Samedi 24 février 1990, gare Matabiau, 14h17
Samedi 24 février 1990, sous la neige, 14h40, sur le pont neuf
Samedi 24 février 1990, 15h15, dans le train
Samedi 24 février 1990, 15h15, dans le train